Le dernier rapport semestriel de Visa a le mérite de dévoiler les nouvelles ruses d’escroquerie utilisées par les criminels qui ciblent, au-delà des institutions financières, les consommateurs et les commerçants…en somme, de la cyberfraude qui vise Monsieur Tout-le-monde.
A l’occasion de l’événement Money 20/20 qui s’est déroulé du 27 au 30 octobre 2024 aux États-Unis, Visa, l’opérateur mondial des paiements numériques, a publié son rapport semestriel sur l’état des escroqueries intitulé « State of Scams : Fall 2024 Biannual Threats Report ».
Ce dernier met en lumière notamment plusieurs menaces et escroqueries émergentes ciblant les banques et les consommateurs, y compris une recrudescence surprenante de la criminalité physique à petite échelle.
La réapparition des vols physiques
« Les escrocs reviennent aux sources avec une augmentation des vols physiques au cours des six derniers mois, en profitant de l’intervalle entre le vol et la prise de conscience de la victime. Après un vol, les criminels capitalisent le plus souvent sur leur vol en achetant des cartes-cadeaux ou des biens physiques pour les revendre, voire en utilisant le numéro de la carte en ligne pour des transferts d’argent », fait ressortir le document.
« De même, en mars 2023, Visa a identifié une menace émergente appelée « pickpocket numérique », où les cybercriminels utilisent un appareil mobile de point de vente pour tapoter le portefeuille de consommateurs peu méfiants et initier un paiement, souvent dans des endroits très fréquentés », note la même source.
Usurpation d’identité gouvernementale
Les arnaques par usurpation d’identité gouvernementale sont également ressorties. Selon le rapport, les consommateurs sont de plus en plus victimes d’arnaques dans lesquelles des fraudeurs se font passer pour des représentants du gouvernement, y compris des agences comme l’USPS, le FBI et l’IRS.
« Au cours des trois premiers mois de 2024, la perte moyenne par victime de ce type d’arnaque aux États-Unis s’est élevée à 14.000 USD, pour un total dépassant les 20 millions USD. De plus, entre 2022 et 2023, les pertes liées à des paiements en espèces dans le cadre de ces arnaques ont augmenté de 90 % », ajoutent les auteurs.
Et de souligner : « Avec cette tendance vers l’utilisation d’espèces, Visa anticipe une augmentation des retraits importants en liquide par les clients aux distributeurs automatiques de billets ».
Entre contournement de l’authentification et fraude dans les commerces
Il s’agit également de l’augmentation des escroqueries par contournement de l’authentification. En effet, Visa signale dans son rapport : « Pour déjouer l’authentification à deux facteurs, les fraudeurs intensifient les arnaques d’hameçonnage aux mots de passe à usage unique. Cela leur permet d’accéder à l’intégralité des fonds et informations des comptes via des SMS, e-mails ou appels téléphoniques de plus en plus convaincants. Ces arnaques deviennent d’autant plus crédibles grâce à l’utilisation croissante de l’Intelligence Artificielle Générative ».
Et d’informer également : « Bien que la plupart des escroqueries mises en évidence dans le rapport ciblent les consommateurs, l’étude contient également des éléments clés pour les institutions financières et les commerçants ».
Pour ce qui est de la fraude dans les stations-service, le document révèle qu’après une petite autorisation réussie, les fraudeurs effectuent de gros achats de carburant dans les stations-service en utilisant des comptes qui ne disposent pas d’assez d’argent pour couvrir le montant total, notant que ces escroqueries s’étendent à l’échelle mondiale. Toujours d’après la même source, les commerçants continuent d’être la cible de cybercriminels qui testent les données de paiement à grande échelle et à grande vitesse, ce qui leur permet d’accéder aux informations des comptes des consommateurs.
« L’énumération ou le test automatique des données de paiement courantes pour deviner les numéros de compte, reste une menace majeure pour l’écosystème des paiements, avec une fraude importante dans l’année qui suit une attaque d’énumération réussie. Les secteurs les plus touchés au cours de l’année écoulée sont les restaurants, les services publics et les organisations caritatives et de services sociaux », ajoute-t-on.
« Alors que les paiements deviennent plus sûrs, les fraudeurs reviennent à des tactiques bien rodées qui ciblent le maillon le plus faible de l’écosystème : les consommateurs », estime l’opérateur Visa, tirant la sonnette que les consommateurs ne doivent pas baisser leur garde, et ce, bien que l’entreprise Visa se soit engagée à éliminer les risques au cours d’une transaction, quel que soit le mode de paiement.
Rappelons, à cet égard, que Visa a investi 11 milliards de dollars dans la technologie et l’infrastructure au cours des cinq dernières années, pour que son réseau soit plus sûr.