Le gouvernement d’Akhannouch a donné, récemment, son feu vert pour que le Maroc procède à l’importation de la viande rouge congelée ou réfrigérée de plusieurs pays. Sous réserve de respect minutieux de conditions très rigoureuses imposées par l’ONSSA, ce produit importé est censé résoudre le problème lié à la flambée des prix des viandes rouges causée principalement par la sécheresse.
Le pouvoir d’achat des ménages au Maroc a été impacté par l’augmentation exorbitante des prix des viandes rouges, à telle enseigne, que le gouvernement marocain n’avait pas le choix que d’ouvrir la porte à l’importation de certains pays.
« D’aucuns connaissent la relation qu’a le peuple marocain avec la viande rouge ! C’est une histoire qui remonte à nos ancêtres, les chasseurs, qui étaient de vrais carnivores. Aussi, il ne faut pas oublier qu’à l’époque et même maintenant, le fait de consommer de la viande rouge est un signe de richesse. D’ailleurs, pas tous les Marocains n’ont les moyens de manger quotidiennement de la viande rouge », nous raconte Bouchaib, un boucher sis au quartier Maârif dans la capitale économique.
Plus sérieusement, ce casablancais de pure souche a confié à Freenews que le prix de la viande rouge est monté en flèche, qu’il a vu sa clientèle, habituée à acheter de la viande bovine, bifurquer vers la viande de dinde.
« Généralement, j’anticipe les commandes de mes clients habituels…Mais en ce moment, je ne vous cache pas que je suis tombé des nues ! », s’étonne, de son côté, Saïd un boucher au niveau du quartier de Mers Sultan.
Ce berbère qui a emménagé à Casablanca avec sa famille quand il avait 6 ans a partagé avec nous son avis : « Je souhaite vivement que cette décision d’importation de la viande rouge congelée ou réfrigérée, régule l’offre et freine, par voie de conséquence, cette hausse des prix. Cette inflation excessive des prix n’est ni dans notre intérêt en tant que vendeurs ni dans celui des clients. A ce rythme, tous les consommateurs se rabattront sur d’autres sources de protéines, tels que l’oeuf, le poisson, la dinde, le poulet ».
Rappelons, à cet égard, que suite à ladite décision communiquée le mardi 15 octobre dernier, le directeur général de l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA), Abdellah Janati, a fixé les conditions et les pays d’origine autorisés pour ces importations.
Liste des pays autorisés pour exporter la viande rouge vers le Maroc
C’est ainsi que les viandes ovines et caprines pourront dorénavant être importées de tous les pays de l’Union européenne, en plus des pays comme l’Andorre, l’Albanie, l’Argentine, l’Australie, le Canada, le Chili, les États-Unis d’Amérique, la Grande-Bretagne, la Nouvelle-Zélande, la Russie, la Serbie, l’île de Singapour, la Suisse et l’Uruguay. Les importations des viandes bovines, quant à elles, devront se faire depuis tous ces pays susmentionnés, ainsi que depuis le Brésil, le Paraguay et l’Ukraine.
Nonobstant, l’ONSSA a tenu à préciser que la liste des pays autorisés peut être modifiée en cas d’émergence d’un risque sanitaire pour la santé humaine ou animale lié à l’importation des viandes, faisant savoir que ces viandes importées devront répondre à des normes rigoureuses.
Et de mettre en exergue : « Toutes les viandes importées doivent être accompagnées d’un certificat sanitaire délivré par les autorités compétentes du pays d’origine dont une copie est téléchargeable à partir du site web de l’ONSSA ainsi que d’un certificat d’abattage Halal délivré par l’organisme islamique habilité du pays d’origine. Les importateurs devront également disposer de lieux d’entreposage agréés par l’ONSSA, garantissant le respect de la chaîne du froid et des conditions de stockage strictes ».
En conséquence et dans un contexte de contraintes agro-climatiques, les habitants du Maroc devront composer avec de la viande rouge « non-marocaine » dans leur assiette. Le Maroc fera ainsi cette expérience à l’instar d’autres pays qui, pour pallier la baisse de l’offre de leur viande bovine, ont dû faire le même choix, comme la France l’année dernière.