Le constructeur automobile japonais Nissan a dévoilé, aujourd’hui, d’une perte conséquente de 671 milliards de yens (4,5 milliards de dollars) au cours de l’exercice 2024-2025, clos fin mars dernier.
Selon la marque nippone, cette perte est la conséquence directe d’une restructuration drastique visant à redresser une entreprise fragilisée par l’endettement, la chute des ventes et un environnement commercial incertain.
« La réalité est claire: nous avons une structure de coûts trop élevée », a reconnu le PDG Ivan Espinosa lors d’une conférence de presse. « Le marché mondial est volatil et imprévisible, ce qui rend la planification et l’investissement de plus en plus difficiles », a-t-il justifié.
Cette contre-performance, l’une des pires enregistrées par le groupe depuis plus de deux décennies, est en grande partie due aux coûts associés au plan de redressement enclenché à l’automne dernier. Le groupe avait alors annoncé une réduction de 20% de ses capacités de production et la suppression de 9.000 emplois à travers le monde. Ce chiffre a été porté à 20.000 suppressions ce mardi, soit 15% des effectifs mondiaux, à l’horizon de l’exercice 2026-2027.
« Nous ne ferions pas cela si ce n’était pas nécessaire pour survivre », a insisté Espinosa. « Dans le cadre de cette cure d’austérité, Nissan réduira aussi le nombre de ses usines de production de 17 à 10 d’ici 2027, tout en accélérant la réduction de ses dépenses d’investissement », a-t-il précisé.
Sur l’exercice écoulé, Nissan a enregistré un chiffre d’affaires quasiment stable à 12,633 milliards de yens (85,336 millions de dollars), en léger recul de 0,4%. Le constructeur table sur un niveau similaire pour l’exercice en cours, mais souligne que les incertitudes liées à la politique commerciale des États-Unis compliquent la prévision de ses résultats.
En effet rappelons que début avril, Washington a instauré de nouveaux droits de douane de 25% sur les véhicules importés, pénalisant particulièrement Nissan dont 30% des ventes mondiales étaient réalisées aux États-Unis l’an dernier. Les modèles produits au Japon et au Mexique sont particulièrement exposés. Dans ce contexte, le groupe a tenté, sans succès, de fusionner ses activités avec celles de son compatriote Honda. Les discussions ont été rompues en février, après le rejet par le conseil d’administration du groupe basé à Yokohama de la proposition de Honda d’en faire une filiale.
Nissan prévoit de supprimer 20.000 emplois dans le monde
Le constructeur automobile japonais en difficulté, Nissan Motor, prévoit de supprimer environ 20.000 emplois à l’échelle mondiale, soit plus de 10.000 de plus que le plan de réduction annoncé en novembre dernier, a rapporté l’agence de presse nipponne Kyodo News. Ces suppressions représenteraient environ 15% des effectifs mondiaux du groupe, selon Kyodo News, une information également publiée par la chaîne publique NHK et le quotidien The Japan Times.
Quid de l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi?
Actionnaire et partenaire de Nissan au sein de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, Renault a accueilli favorablement l’échec de la fusion entre Nissan et Honda. «Les termes de cette transaction, y compris le fait qu’elles n’incluaient aucune prime» de contrôle, «étaient inacceptables» pour Renault, a souligné le constructeur automobile dans une déclaration transmise à l’agence Agefi-Dow Jones.
« Après plusieurs cessions par Renault d’actions Nissan et de l’annulation des titres acquis dans le cadre de cette opération par Nissan, la participation du constructeur français au capital de son partenaire japonais ressort à 35,71% à ce jour. Dans le détail, Renault détient 17,05% du capital de Nissan en direct, tandis que 18,66% des parts sont logées dans une fiducie française dont Renault est bénéficiaire. Ainsi, la contribution de Nissan aux résultats de Renault sur l’ensemble de l’exercice 2024 s’élève à 211 millions d’euros », peut-on lire dans la presse étrangère.
« Nous saluons également l’intention de Nissan de se concentrer avant tout sur l’exécution de son plan de redressement et Renault continuera à soutenir Nissan dans les projets en cours» de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi », a déclaré le groupe au logo en forme de Losange.
Et d’ajouter : « Parmi ces projets, Renault prépare actuellement grâce à sa filiale Ampere dédiée aux véhicules électriques une future voiture compacte pour Nissan, après avoir déjà développé la dernière version du modèle Micra du groupe japonais sur la base de sa citadine R5 ».
Depuis la signature début 2023 des accords définissant pour une durée initiale de 15 ans les nouvelles bases de leur alliance née en 1999, Renault et Nissan poursuivent également d’importants projets de production et de recherche et développement (R&D) en Inde.
« Dans leur usine commune de Chennai, Renault et Nissan envisagent de produire six nouveaux modèles de véhicules, dont deux à motorisation électrique, à destination du marché indien mais également de clients internationaux. Sur ces six nouveaux modèles, trois porteront la griffe Nissan et autant porteront le sigle Renault », annoncent des deux constructeurs, notant qu’ils possèdent également un centre de R&D dans la même ville de Chennai.
Les membres de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi mènent aussi des projets opérationnels à forte création de valeur en Amérique latine et en Europe. Ils reposent sur une mutualisation des ressources des trois constructeurs automobiles. Par exemple, Nissan produira un nouveau modèle pour Renault au Mexique.
Ainsi, Renault Group et Nissan ont annoncé, le 31 mars 2025, une série de projets stratégiques visant à faire évoluer en profondeur leur coopération industrielle. La mesure phare de cet accord concerne l’Inde, un marché clé pour les deux groupes. Renault va acquérir l’intégralité du capital de Renault Nissan Automotive India Private Ltd (RNAIPL), jusqu’ici détenue à 51% par Nissan. L’usine de Chennai, qui assemble actuellement des véhicules pour les deux marques et dispose d’une capacité de production de plus de 400.000 unités par an, passera donc sous contrôle total de Renault. Cette transaction, attendue pour la fin du premier semestre 2025, permettra au groupe au Losange de renforcer son autonomie industrielle et commerciale sur le marché indien.
In the meantime Renault tente des actions…
L’Autorité Marocaine du Marché des Capitaux (AMMC) a annoncé avoir visé, hier lundi, le prospectus relatif à une cession d’actions « Renault » réservée aux salariés du groupe. Au Maroc, cette opération concerne les salariés des filiales Renault Tanger Exploitation, Renault Commerce Maroc, SOMACA, RCI Finance Maroc et Renault Maroc Services, révèle l’AMMC, faisant état d’un nombre total d’actions à souscrire qui s’élève à 5.914.445 actions.
La période de souscription, au Maroc, s’étalera du 13 au 30 mai 2025 inclus et le prix de souscription est fixé à 31,34 euros, soit 330,9 dirhams.
Pourtant les mauvais résultats de Nissan impactent Renault !
La marque française au Losange a annoncé, dans les médias étrangers, que la contreperformance trimestrielle publiée par son partenaire Nissan devrait se traduire, dans son résultat net du premier trimestre, par une contribution négative estimée à 2,204 milliards d’euros.
« Cette contribution négative prend en compte les dépréciations et les coûts de restructuration annoncés fin avril par le Japonais. Pour le compte du quatrième trimestre de son exercice fiscal 2024-2025, Nissan a fait ressortir un bénéfice d’exploitation de 5,8 milliards de yens (environ 35,3 millions d’euros), contre 90,3 milliards de yens (près de 550 millions d’euros) un an plus tôt. Le constructeur japonais s’attend à ce que l’activité reste difficile sur l’exercice 2025-2026 en raison d’une concurrence intense, des fluctuations des taux de change et des pressions inflationnistes », est-il expliqué.


