L’effervescence est à son comble à l’approche du Super Bowl, la finale très médiatisée de la Ligue professionnelle de football américain (NFL). Ce dimanche soir, tous yeux des fans de ce sport très populaire aux Etats-Unis sont rivés sur le match qui mettra aux prises, à Las Vegas, San Francisco 49ers et Kansas City Chiefs.
Chaque dimanche, des millions d’Américains se ressemblent autour de leurs stations TV pour suivre les matchs de la NFL, alors que bien d’autres préfèrent converger vers les stades pour vivre l’ambiance et supporter leur équipe de prédilection.
A son apparition dans les années 1800, le football américain était un “passe temps” avant de se transformer en une discipline lucrative qui trône sur des sports aussi populaires que le baseball et le basketball et qui occupent une place de choix dans le quotidien de l’Américain lambda.
A en croire un nouveau sondage de Siena College Research Institute et St. Bonaventure University réalisé à la veille du Super Bowl, 72% des Américains s’identifient comme des supporters du football américain qui suivent de manière régulière les matchs de la NFL.
Pour plusieurs observateurs et spécialistes, le football américain est plus qu’un sport. Il revêt une signification sociale et culturelle qui renseigne sur des marques distinctives de l’identité américaine.
“Pour de nombreux Américains, le football est plus qu’un simple jeu: c’est un moyen de se connecter avec les autres et d’exprimer son amour pour l’équipe préférée ainsi que pour la patrie”, écrit le site d’information “The Intelligencer” dans un article qui scrute la popularité de cette discipline en Amérique du Nord, particulièrement aux Etats-Unis.
D’après le sondage, 83% des personnes interrogées par Siena College Research Institute et St. Bonaventure University déclarent suivre les matchs de la FNL en famille et avec des amis pour raffermir leur sentiment d’appartenance.
Au fil des années, cette discipline a pris racine dans l’imaginaire collective des Américains, en inspirant plusieurs livres et œuvres cinématographiques sur des équipes, des joueurs et des entraîneurs.
“Ce sport offre à la fois une évasion de la réalité et constitue une représentation de l’esprit américain”, relève The Intelligencer, notant que le football rassemble des communautés de tout horizon autour d’un intérêt commun.
Expliquant l’engouement pour le football américain, Thomas Henricks, professeur de sociologie à Elon University (Caroline du nord), indique, dans une analyse, que ce sport, à travers les équipes qui représentent villes et Etats, promeut une identité collective parmi des personnes qui ont peu de choses en commun.
“Sur le plan individuel, le football procure à ses supporters un rythme dans leur vie quotidienne, une allégeance à revendiquer et un canal d’engagement émotionnel”, relève Henricks.
Pour une large frange d’Américains, le football est aussi un sport empreint de valeurs qui aident l’individu à évoluer dans sa communauté et à affronter l’adversité. Selon le sondage de Siena College Institute, 82% des personnes interrogées pensent que cette discipline permet d’apprendre comment travailler en équipe, alors que 79% et 72% croient respectivement qu’à travers le football américain, le supporter ou le téléspectateur peut être initié à l’art de la stratégie et au leadership.
“En raison de son degré de responsabilité élevé, ce sport apprend aux individus à collaborer avec les autres, quelle que soit leur origine ou leur appartenance ethnique”, indique de son côté Joe Disperge, journaliste spécialisé dans le football américain.
Grâce à cet engouement qui frôle parfois la frénésie, le football s’est transformé, au fil des années, en une industrie qui génère des milliards de dollars chaque année à telle enseigne que la FNL est devenue la ligue la plus lucrative du monde, portée principalement par les droits de télévision.
En 2021, la Ligue professionnelle de football américain avait signé un contrat de diffusion télévisée de 110 milliards de dollars, avec plusieurs chaînes et Amazon qui se prolonge jusqu’en 2033.
“La popularité de ce sport a contribué à créer de nouveaux marchés notamment pour les paris sportifs et la vente de marchandises et à stimuler la croissance des programmes de football pour les jeunes et les amateurs à travers le pays”, explique The Intelligencer, ajoutant que la FNL a un impact économique significatif sur les villes et les États de l’Amérique, notamment à travers la création d’emplois et les recettes fiscales utilisées pour financer des services publics comme les écoles et les projets d’infrastructure.
L’importance financière et économique de cette discipline s’illustre également lors de la Super Bowl, la méga-finale très attendue de la FNL, qui rassemble des centaines de millions de téléspectateurs de par le monde.
Lors de cette soirée qui prend une allure festive avec un spectacle de mi-temps marqué par la participation d’artistes de renom, les supporters paient des milliers de dollars pour les billets, alors que les entreprises déboursent des millions de dollars pour s’arroger des spots publicitaires de 30 secondes, indique Mike Edwards, professeur à l’université de New York.
En l’absence d’un chiffre fiable sur les revenus annuels du Super Bowl avec son célèbre spectacle, la majorité des estimations oscillent entre un minimum de 300 millions de dollars et un maximum de 1,3 milliards de dollars. Une véritable “machine à cash”, selon le professeur new-yorkais.