Le tribunal administratif de Casablanca a reporté, hier mercredi matin 9 octobre 2024, l’examen de la demande de révocation de Mbarek Afiri, président de la Commune de El Mansouria, située dans la province de Benslimane, à l’audience du mercredi 16 octobre prochain, afin de permettre la présentation des réponses. Dans l’attente du verdict du tribunal et de l’élection d’un nouveau président et bureau communal, le premier adjoint a, temporairement, assumé la présidence le lundi matin 7 octobre 2024.
Par Mohamed Amine Sajid*
Petit rappel des faits. Le représentant judiciaire du Royaume avait déposé, au nom de Samir El Yazidi, Gouverneur de la province de Benslimane, une plainte auprès du tribunal administratif de Casablanca (section du contentieux complet et de l’annulation) le vendredi 4 octobre 2024, demandant la révocation du président du Conseil de la commune de Mansouria.
Cette demande a suivi la notification de la suspension du président communal Mbarek Afiri de ses fonctions, après 27 ans de service où il a évolué dans plusieurs partis politiques, avant de rejoindre le Parti de l’Istiqlal lors des élections de 2021. Cette procédure judiciaire est intervenue après l’adoption des points à l’ordre du jour de la session ordinaire du mois d’octobre courant et à la suite des déclarations controversées du président de la Commune, Mbarek Afiri qui a nié sa suspension ou toute demande de révocation. Effrontément, il aurait également menacé ses opposants de recours judiciaire, en les qualifiant de termes très inappropriés et injurieux.
Depuis le lundi 23 septembre dernier, une atmosphère de suspense règne sur El Mansouria, alimentant les interrogations des habitants de toute la province de Benslimane, alors que tous attendaient la décision du ministère de l’Intérieur, après la publication du rapport final par une commission centrale de l’Inspection Générale de l’Administration Territoriale.
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Par ailleurs, il serait judicieux de souligner que le premier vice-président, -qui a assumé le lundi 7 octobre dernier les prérogatives de Mbarek Afiri, le déchu -, est normalement chargé d’assurer l’intérim de la présidence. Cependant, le directeur général des services, ainsi que certains élus, avaient une autre position, souhaitant déléguer l’octroi des dérogations au directeur de la Commune, jusqu’à ce que le gouverneur de Benslimane, Samir El Yazidi intervienne.
Pourquoi la décision du ministère de l’Intérieur peine-t-elle à être prononcée dans l’Affaire de Mbarek Afiri?
Des sources bien informées pensent et croient mordicus que la décision du ministère de l’Intérieur était déjà prête pour la prononciation. En fait, elle attendait seulement l’audience du tribunal administratif et la tenue de la session ordinaire du mois d’octobre pour être prononcée. Les mêmes sources sont également sûres que le président de la Commune de El Mansouria avait reçu par voie hiérarchique les observations contenues dans le rapport élaboré par la commission de l’Inspection Générale du ministère de l’Intérieur à la mi-2023.
Ce rapport, qualifié de « brûlant », avait été, en effet, finalisé le 7 juin 2023 après des investigations sur les dossiers de la Commune de El Mansouria pour la période allant de 2011 à 2023. Il avait porté sur des dossiers sensibles tels que l’urbanisme, les certificats administratifs, les exonérations fiscales, les marchés publics, et la gestion financière et administrative, pouvant aboutir à des poursuites judiciaires.
Ce rapport a également suscité des interrogations au sein du Parlement, dans lequel une députée a adressé une question écrite au ministre de l’Intérieur. Elle l’a justement interpellé sur le sort dudit rapport et les mesures qui en découleraient, tout en rappelant les nombreuses visites de commissions d’inspection depuis 2006 pour enquêter sur des dossiers épineux, à l’instar de celui du « lotissement anarchique » à la plage Sable d’Or plus connue sous le nom de Plage David. Affaire de Mbarek Afiri à suivre…
*Mohamed Amine Sajid est Consultant et Expert juridique et fiscal