Le 8e Rendez-vous placé sous le thème « L’avenir de l’intermédiaire d’assurance : Entre la généralisation de l’AMO et les nouveaux métiers pour le réseau de distribution » et accueillant le Burkina Faso comme invité d’honneur a connu un franc succès la semaine dernière à Casablanca. Assureurs, Agents, Courtiers et tous les professionnels du secteur se sont réunis pour tenter de trouver les solutions idoines qui satisferont tous les protagonistes.
« Le sujet d’actualité qui risque d’impacter fortement notre industrie, c’est la généralisation de l’AMO. Le transfert de l’Assurance Maladie de base, de nos 1.400.000 assurés, vers la CNSS, n’est pas réjouissant pour notre secteur …», Mohamed Hassan Bensaleh a ainsi donné le LA dans son discours d’ouverture de la 8e édition de la rencontre annuelle de la FNACAM (Fédération Nationale des Agents et Courtiers du Maroc) qui s’est tenue récemment dans la capitale économique.
Expliquant que ce sont pas moins de 4 milliards de dirhams de primes qui vont disparaitre pour les entreprises d’assurance et les nombreux collaborateurs qui sont dédiés aujourd’hui à l’assurance santé, le président de la FMA (Fédération marocaine de l’Assurance) s’interroge sur comment occuper ces équipes sans altérer les ratios de productivité ?
Chiffres à l’appui, Bensaleh précise que l’assurance maladie liée à l’article 114 représente, à fin 2023, 13,3% de l’assurance non-vie, alors qu’elle contribue, pour certains courtiers, à plus de 30% des commissions perçues, avec en plus, la même problématique que les compagnies d’assurance quant aux ressources dédiées.
« Ce sont plus de 400 millions de dirhams de commissions, qu’il va falloir chercher à compenser. La situation est plutôt inquiétante et nous ne pouvons nous permettre de rester les bras croisés ! », a-t-il affirmé.
Même son de cloche du côté de Farid Bensaid, président de la FNACAM qui en remet une couche : « La généralisation de l’Assurance Maladie Obligatoire représente un tournant décisif pour notre profession. Ce passage à l’AMO, qui se fera sûrement dans les prochaines années impactera sérieusement les intermédiaires d’assurance dont le portefeuille comprend majoritairement de « La maladie ». Il est crucial que nous anticipions ce changement et que nous nous adaptions pour ne pas laisser sombrer ces intermédiaires ».
Et de souligner : «La FNACAM souhaite donc faire des propositions concrètes, au secteur, pour limiter les répercussions de ce passage obligatoire à l’AMO. En parallèle, la diversification des métiers du réseau des agents et courtiers offre des perspectives prometteuses pour l’avenir de nos intermédiaires et pourrait être une alternative pour compenser les pertes futures. Ces nouveaux services renforceront notre capacité à répondre aux besoins évolutifs du marché. A l’approche de la sortie du Livre IV, nouvelle mouture, la FNACAM doit continuer à porter haut et fort l’étendard de l’ensemble des intermédiaires, qu’ils soient agents ou courtiers, de petites ou grandes tailles.»
Les propositions concrètes de la FNACAM
« Il est primordial qu’on trouve des solutions pour que les intermédiaires d’assurance ne pâtissent pas énormément. Ne nous leurrons pas ça va être le cas pour certains avec une perte de 30 à 40 % de leur chiffre d’affaires qui va disparaitre du jour au lendemain. C’est ainsi que la Fnacam a été une force de propositions lors de cette rencontre aussi bien vis-à-vis des assurances que du régulateur pour essayer de surfer sur cette vague sans pour autant se noyer », nous a confié Farid Bensaid, mettant en avant les compagnies d’assurance qui devrait, selon lui, faire un effort pour stimuler un peu la maladie complémentaire à travers un commissionnement plus important.
Précisant qu’aujourd’hui la maladie complémentaire représente 70 millions de DH sur 56 milliards, ce qui est vraiment très faible, Bensaid souhaite aussi que la CNSS fasse un effort, pour leur laisser de l’espace à combler.
« Le volet législatif et fiscal peut aussi être une incitation. Aujourd’hui quand on veut booster un secteur on peut revoir sa fiscalité et c’est ce que nous proposons aussi », explique-t-il, avant de rappeler que la CNSS a augmenté son panier de remboursement en terme de prestation couvrant ainsi d’abord les maladies longues, mais aussi les maladies ambulatoires.
Et d’ajouter : « Il faut savoir que tout n’est pas couvert à la CNSS puisque les taux de remboursement est en rapport avec le TNR (taux national de référence). S’il y a des dossiers maladies avec des frais importants engagés, nous pouvons intervenir. Du coup, il y a de la place pour la complémentaire. D’ailleurs Hassan Boubrik, le DG de la CNSS a confirmé que le remboursement se font dans une délai de plus en plus court. Comme dans tous les pays qui sont passés par l’assurance universelle il y aura de la place pour la complémentaire qui, elle, viendra combler ce que ne fait pas la CNSS. En clair, il faut travailler main dans la main l’assurance universelle et celle complémentaire ».
Et au président de la FMA de conclure : « Le secteur de l’assurance est à la croisée des chemins et ce n’est pas un euphémisme. Je pense que les enjeux et les changements à venir n’ont jamais été aussi grands et aussi profonds ».