Pour l’intérêt du marché marocain, le Conseil de la banque centrale du Maroc, réuni récemment à Rabat, a été acculé à réduire le taux directeur de 2,75% à 2,5%. Cette décision prouve une volonté de BAM de tenter de contrôler les pressions inflationnistes tout en oeuvrant pour une forte reprise économique.
« Compte tenu de l’évolution de l’inflation à des niveaux en ligne avec l’objectif de stabilité des prix et au regard des fortes incertitudes qui entourent les perspectives à moyen terme notamment au plan international, le Conseil a décidé de réduire le taux directeur de 25 points de base à 2,50% », a expliqué Bank Al-Maghrib (BAM) dans un communiqué suite à la réunion trimestrielle de 2024 de son Conseil.
Et de préciser : »Après la décélération amorcée au deuxième trimestre 2023, l’inflation continue d’évoluer à des niveaux bas ».
« La Banque Centrale n’avait pas d’autre choix que de prendre en considération l’environnement inflationniste et ce, en dépit des incertitudes qui planent sur l’économie mondiale. In fine, cette décision de baisser le taux directeur a su satisfaire les ménages ainsi que les investisseurs et les entreprises car son impact est déterminant sur les conditions de financement et la reprise économique », nous a confié un analyste financier.
Et de mettre en exergue : « Avec le Wali de BAM, Abdellatif Jouahri, la vigilance et la prudence restent toujours de mise. D’ailleurs, il l’a bien exprimé, lors de la troisième réunion trimestrielle du Conseil de BAM pour cette année, en mettant en garde qu’il ne faut jamais agir dans la précipitation, sous peine de devoir rectifier brusquement le cap par la suite et en soulignant qu’une banque centrale responsable fait preuve de prudence ».
L’expert anticipait donc cette décision de baisse du taux directeur il y a déjà plusieurs mois, estimant que Jouahri sait pertinemment que la politique monétaire s’intéresse aux équilibres macroéconomiques, impactant directement l’inflation, qui elle-même influe sur la valeur du dirham et, par conséquent, sur le pouvoir d’achat.
« L’autre inquiétude du Wali de BAM est de garantir que les demandes de liquidité des banques soient totalement satisfaites. A cet effet, il a toujours affirmé que si les banques expriment des besoins pour financer des investissements ou pour répondre aux demandes du secteur privé, la Banque centrale se doit de leur accorder les montants nécessaires », a-t-il signalé à Freenews. Le La est ainsi donné.
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Des chiffres et des lettres
Après la décélération amorcée au deuxième trimestre 2023, l’inflation continue d’évoluer à des niveaux bas et terminerait cette année avec un taux moyen autour de 1%, après 6,1% enregistré en 2023. Elle devrait rester modérée à moyen terme, se situant, selon les projections de BAM, à 2,4% en 2025 et à 1,8% en 2026. De même, la composante sous-jacente de l’inflation, qui traduit la tendance fondamentale des prix, devrait poursuivre sa décélération revenant de 5,6% en 2023 à 2,1% cette année, puis à 2% en 2025 et à 1,8% en 2026. Le Conseil a également noté que les anticipations d’inflation restent bien ancrées.
En effet, les dernières données de l’enquête trimestrielle de la Banque Centrale auprès des experts du secteur financier indiquent que ces derniers s’attendent à un taux moyen de 2,3% pour l’horizon de 8 trimestres et de 2,4% pour celui de 12 trimestres. Au niveau national, les projections de BAM tablent sur une quasi-stabilité de la croissance non agricole autour de 3,5% en 2024 avant une amélioration à 3,6% en 2025 et à 3,9% en 2026.
Pour sa part, pâtissant des conditions climatiques défavorables ayant prévalu lors de la précédente campagne, la valeur ajoutée agricole accuserait un repli de 4,6% cette année, avant d’afficher, sous l’hypothèse de récoltes céréalières de 50 millions de quintaux équivalant à la moyenne des 5 dernières années, des progressions de 5,7% en 2025 et de 3,6% en 2026. Ainsi, la croissance de l’économie nationale devrait se limiter à 2,6% cette année, après 3,4% en 2023, mais s’accélèrerait à 3,9% au cours des deux prochaines années.