Claudie Pierlot vient de lancer son propre service de mode en seconde main. Une nouveauté qui est loin d’être isolée. Mais pourquoi toute la fast fashion s’y met ?
Par Matthieu Bobard Deliere
Vous l’avez sans doute remarqué en flânant sur les sites Internet de vos enseignes de mode favorites. Beaucoup d’entre elles ont développé leur service interne de revente d’articles de seconde main. Dernièrement, c’est Claudie Pierlot qui s’est associée à la start-up Faume pour élaborer son service de vente de seconde main.
« Nous savons que les sentiments sont changeants et que les modes le sont tout autant. C’est pourquoi Claudie Seconde Main s’engage à reprendre vos histoires d’hier et à vous trouver celles de demain », déclare la marque dans un communiqué. L’idée, c’est que les clientes prennent le réflexe de revendre leurs pièces Claudie Pierlot qu’elles ne portent plus. Elles doivent rentrer la référence de l’article puis reçoivent une offre de reprise.
Néanmoins, pour ne pas casser le modèle économique de Claudie Pierlot, ce n’est pas du cash que reçoit la cliente, mais un bon d’achat valable sur le site de la marque, pour acheter du neuf ou de la seconde main. Depuis quelques années, ce phénomène se globalise chez les marques de fast fashion. Par exemple, Zara – qui est quand même aux antipodes d’une quelconque conscience écologique – a lancé Pre-Owned en 2023, mais on note également Kiabi, Galeries Lafayette, Sandro, Ba&sh, La Redoute… Toutes ces marques de mode accessibles semblent s’être réveillées du jour au lendemain en se disant :
« Il y a un marché qui nous échappe, il va falloir le conquérir. » Parce que la motivation première de ces marques à développer la seconde main est, bien sûr, pour des raisons financières.
Concurrencer VINTED, la mission des enseignes abordables
C’est compréhensible. Toutes ces marques, qui régnaient en maître sur le secteur de l’habillement il y a encore dix ans, se font peu à peu détrôner par Vinted qui est aujourd’hui l’enseigne où les Français s’habillent le plus. Mais si vous connaissez Vinted, vous comprenez que c’est avec des vêtements et accessoires de ces dites enseignes de prêt-à-porter que les Français s’habillent. Sauf que de la revente de leurs vêtements sur Vinted, les marques ne touchent rien.
C’est donc une perte de revenus colossale pour le prêt-à-porter qui a bien compris que le porte-monnaie des Français ne leur permettait plus de dépenser des paniers aussi élevés qu’avant dans du neuf. Les questions écologiques doivent également peser sur les réflexes d’achat des Français. On le sait, l’industrie textile est l’une des industries les plus polluantes au monde. Chaque année des millions et des millions de tonnes de vêtements sont fabriqués mais également jetés ou brûlés.
Les amateurs de mode en sont conscients et souhaitent donc allier l’utile à l’agréable en dépensant moins et de manière raisonnée. Il était donc indispensable pour les marques de prêt-à-porter de développer leur service de vente en seconde main. Si certaines enseignes voyaient peut-être dans cette nouvelle fonctionnalité un simple moyen de court-circuiter ce marché de l’occasion qui leur échappait, d’autres ont réellement compris qu’il fallait être en phase avec les nouvelles attentes et convictions de leur clientèle. Bon, on reste quand même dubitatif sur certains prix qui restent presque inabordables pour des portefeuilles restreints…
Source : Elle.fr